Infos pratiques 

Imaginez qu'au moment de prendre la parole, une voix interne vous glisse : "t'es nulle" "t'intéresse personne" "tu ferais mieux de te taire" ... Et que si vous choisissez de vous taire, ce même "destructeur interne" vous dise : "t'es même pas capable de t'exprimer" "les autres font mieux que toi" ... Vous comprenez aisément que ce n'est pas facile d'avoir confiance en soi dans ces conditions !

Si vous vous reconnaissez, vous pouvez poursuivre votre lecture.

En général, nous sommes "un ami pour nous-mêmes". Nous nous traitons, nous nous parlons, comme on le ferait avec un ami, avec son enfant.

Mais il arrive qu'une partie de nous nous maltraite comme pourrait le faire notre plus cruel ennemi.

C'est une idée difficile à admettre, contre-intuitive, mais on peut être la "victime aveugle" d'un "saboteur ". Le saboteur, une partie de notre psychisme dont l'objectif est de nous casser.

Premier point : suis-je concerné ?

Le saboteur utilise des mots durs : je suis nul, gros, moche, j'y arriverai jamais, les autres sont mieux que moi, je ne vaux rien...

L'hôte y est tellement habitué qu'il ne repère pas ces mots qui sont comme invisibles.

L'hôte adhère, aveuglément, sans être conscient des conséquences néfastes de ce discours interne (découragement , souffrance , renoncement à agir, stress...). Il n'est pas conscient que ces mots ne servent à rien d'autre qu'à faire mal. On n'est pas dans la critique constructive.

Par ailleurs, le saboteur prouve ce qu'il annonce. Prophétie auto-réalisatrice...

Et, quoi que fasse l'hôte, il casse. Le timide parle : nul car sans intérêt. Il se tait : nul de ne pas oser.

Deuxième point : comment lutter ?

Le plan d'action comporte deux parties menées en parallèle : un travail cognitif de repérage et de stoppage des phrases destructrices ; un travail sur les racines du saboteur.

Travail cognitif :

1. Dressez la liste des armes de votre ennemi saboteur. Ce sont des mots ou des phrases qui ne servent qu'à faire souffrir sans rien apporter d'aidant.

Écrivez pour voir,  prendre conscience,  transformer une rumination en objet d'étude,  remettre en question.

Cette liste peut être complétée au fil du temps.

2. Phase suivante : lire et relire chaque jour ces phrases. Objectif : très bien les connaître, pour les repérer et ne plus être dupe. Attention : surtout pas en mode "c'est vrai que je suis nul"! Mais "voilà ce que me dit le saboteur pour casser ma confiance en moi".

3. La lutte active contre le saboteur  commencera quand vous en aurez vraiment ras-le-bol d'entendre ces phrases, un ras-le-bol des tripes et non mental.

Ça sera bien plus facile à ce moment de dire « stop, ça suffit ».   Ou autre réponse.

On n'entrera pas dans du dialogue.

On ne sort pas facilement d'une longue habitude. Donc pas grave si on ne s'aperçoit que le lendemain qu'on s'est fait avoir. On fera mieux une autre fois.

Les trois racines du saboteur :

1. Pensée égocentrique et poches de culpabilité 

L’égocentrisme est le fait de voir les choses uniquement de son point de vue.

La pensée de tous les jeunes enfants est égocentrique, pendant plusieurs années. C’est amusant si on écoute des interviews d’enfants de maternelle qui à la question « pourquoi y a –t-il de l’eau dans les océans » répondent « pour que je puisse me baigner ». Pour un enfant, le monde tourne autour de sa personne !

Mais aux questions « pourquoi maman est partie à l’hôpital ? pourquoi papa me frappe ?», la réponse « parce que je suis un mauvais enfant » ne prête plus à sourire.

Il y a dans la pensée égocentrique du petit enfant un boulevard pour des sentiments de culpabilité.... qui amènent à s'auto-punir.

Tâche : repérer ses poches de culpabilité (issues de l’enfance ou pas)

Nous désensibiliserons en EMDR les poches de culpabilité irrationnelle.

2. L’identification à l'agresseur 

Petit, on entend de l’environnement reproches et critiques. Si ces interventions sont régulières, fréquentes, nous les intégrons peu à peu comme le reflet de ce que nous sommes vraiment. On garde cette mauvaise image de soi et devenus adultes nous reprenons ces critiques, comme des vérités que nous nous adressons à nous-mêmes. Plus besoin qu'on nous "casse", on s'en charge soi-même. On devient son propre agresseur (identification à l'agresseur).

En EMDR, le protocole pour rendre permet de faire la part des choses et de rendre ce qui ne nous appartient pas.

3. Le niveau des attentes 

Nous ne pouvons pas être la personne "idéale" de nos rêves, de nos attentes (attentes peut-être adossées à celles de notre entourage). Qui ne signerait pas pour être, selon les aspirations individuelles, « plus » (riche, intelligent, beau, spirituel, chaleureux, aimé, charismatique, généreux…)

L’humain est beaucoup appuyé sur le manque ! Clarifier nos attentes essentielles peut aider à revenir à un mieux-être plutôt que cultiver la douleur du manque.

REMARQUES

Comme les mauvaises herbes, le saboteur "repousse". Refaire ce processus chaque année !

Nos réussites "excitent" le saboteur qui risque  de se déchaîner quelques mois plus tard.

À propos du regard des autres 

Le problème c'est plutôt le regard du saboteur sur nous, c'est à dire le regard d'une partie de nous sur nous. On a tendance à imaginer que les autres ont ce même regard. Ce qui renforce notre douleur et le manque de confiance en soi. Donc concentrons-nous sur le regard que nous portons sur nous-mêmes.

L'angoisse : connaître, gérer, désensibiliser ses declencheurs